Mme Nguyen Binh se présente, ainsi que sa collaboratrice. Diplomate, ancienne directrice de l’Institut français (IF) du Cambodge, elle a également travaillé dans les affaires publiques chez Michelin. Elle vient de présenter un nouveau cadre à l’IF pour donner en partage des définitions communes. 50% des salariés ont moins de 5 ans d’ancienneté, beaucoup ont rejoint l’institut en période de Covid.

L’IF est sous la double tutelle du MAEE et du Ministère de la Culture. C’est l’opérateur culturel de la France. Son financement vient principalement du MAEE.

L’IF n’est pas le seul opérateur culturel (CNM, CNC, etc. mais plutôt tournés vers les filières professionnelles françaises). L’IF est le seul à être pluridisciplinaire. Il n’a pas de pouvoir hiérarchique sur le réseau des IF à l’étranger. La question à été explorée et tranchée. Mais l’IF est au service des IF dans le monde et des Alliances françaises (AF) dans le monde. 

Il y a une centaine d’IF ( 96 exactement) et plusieurs centaines d’AF ( 700 Alliances Françaises). Les missions sont :

  • la promotion de la langue et culture française
  • la promotion de la diversité culturelle, les échanges culturels et la compréhension entre les cultures.

Sur le premier point, l’accent est mis sur les centres de langue (avec une démarche qualité) et l’accroissement de la place de la langue française dans un univers de diversité linguistique. Les choses ont changé : la formulation de la Francophonie est plus ouverte sur les autres langues. Dans le cadre de la PFUE, les réseaux sociaux promeuvent la Francophonie dans le cadre de la diversité linguistique. Cette campagne s’intitule « parlons-nous » et montre bien l’évolution de la réflexion sur la Francophonie.

Au plan culturel, les soutiens sont financiers pour la présence d’artiste, les tournées, la venue de professionnels étrangers – au sein de programmes appelés Focus – sur le théâtre, le spectacle vivant, l’art contemporain … il s’agit de faire venir des programmateurs et de leur permettre de rencontrer des institutions, artistes et créateurs français afin qu’ils puissent les programmer plus tard. Cela fonctionne bien.

Il s’agit aussi d’organiser des résidences d’artistes pour qu’ils puissent se confronter à une autre culture – par exemple au Japon – ou bien sur des séjours plus courts – comme à New York. Il s’agit de penser l’image que projette la France.

« La nuit des idées » est un bon exemple : elle n’est pas imposée mais reprise dans plus de 100 pays. Le concept a beaucoup plu, au point où certains organisent une semaine entière des idées. On donne un concept, un support de communication et des idées d’intervenants. Une « nuit des idées » a été organisée sur le thème de l’Europe dans le cadre de la PFUE, une cinquantaine de jeunes ont été identifiés pour proposer des idées, dans une programmation en direct sur la chaîne Arte.

Le « café Europa » est une autre idée qui a été utile au rayonnement des valeurs et idées françaises dans un dialogue interculturel, particulièrement dans le contexte de la crise ukrainienne. L’idée était de débattre dans des cafés sur le thème des médias, des fake News et de la formation des journalistes.

Autre exemple, les saisons culturelles (France-Roumanie en 2019, France-Portugal cette année). Il s’agit d’une construction bilatérale conjointe pour promouvoir la France dans le pays tout en l’accueillant sur notre sol. Débats, rencontres, dialogue, mais aussi intérêt économique. C’est de la co-construction. Une saison de l’Afrique en France a aussi permis de changer le regard sur le continent. Ces saisons sont parrainées par le Président de la République. Elles coutent cependant cher et sont longues à organiser. une réflexion est donc en cours pour développer un nouveau format.

Le thème de la jeunesse est également important. Dans toutes ces actions, l’IF fournit des outils (fonds documentaires, médiathèque de films…), des concepts, de la formation tant pour les IF que les AF. Le travail s’effectue dans le cadre d’un contrat triennal. Le projet d’établissement n’a pas de valeur légale mais permet de définir qui est l’IF, ce qu’il doit apporter, les missions, la légitimité de l’Institut.

Les priorités stratégiques ont abouti à 37 pays sélectionnés pour les ICC (industries créatives et culturelles) et les projets s’inscrivent dans une politique d’influence. Ils font écho à la feuille de route du MAEE sur l’influence française.

Le Président de la République souhaite que se renouvellent les regards entre Afrique et France, l’IF participe de cet objectif, comme de celui de nourrir la citoyenneté européenne et la compréhension entre les peuples. La mondialisation a raccourci les temps sans pour autant permettre de toujours mieux se comprendre. L’IF porte ainsi notamment le Dialogue de Trianon avec la société civile entre France et Russie, qui n’a jamais décollé, ce qui montre la distance qu’il s’agit de combler.

L’IF vise la labellisation AFNOR sur l’égalité femme-homme d’ici 2023-2024, le sujet étant considéré comme une priorité. L’autre sujet d’importance est le changement climatique, il y a une attente des milieux culturels sur le sujet.

À l’interne, l’IF a été réorganisé en Janvier pour aligner l’organigramme sur les objectifs et le rendre plus lisible. Enfin, l’IF déménagera dans le XIe arrondissement en 2023. Il quitte des locaux actuels très cloisonnés et inadaptés. En attendant le déménagement, l’IF rejoindra des locaux de co-working. L’idée est d’aller vers un opérateur renforcé, incontournable, efficace et au service de la politique d’influence. Il s’agit donc aussi d’augmenter la visibilité dans les médias.

Les moyens sont de 143 équivalents temps plein (ETP) et un budget de 40m€, avec une subvention assez constante du MAEE entre 27-28m€ et du Ministère de la culture autour de 1,5-2m€. Des projets pluriannuels ont été développés pour le compte de l’Agence française de développent (AfD) (2020-23: 8m€) et l’Union européenne (2019-24: 10m€). Le mécénat apporte une contribution qui demeure variable. Il existe aussi des partenariats avec une vingtaine de collectivités locales françaises, y compris ultramarines.