COMMISSION DE L’ENSEIGNEMENT, DES AFFAIRES CULTURELLES, DE LA FRANCOPHONIE ET DE L’AUDIOVISUEL EXTERIEUR
SUJETS PRINCIPAUX DU RAPPORT
Sujet 1 : Enseignement français à l’étranger – Situation et perspectives, questions d’actualités-courte vidéo de M. Olivier Brochet directeur général de l’AEFE et audition de M. Jean-Paul NEGREL, directeur général adjoint de l’AEFE
Monsieur Brochet est excusé. Il se trouve en déplacement en Amérique Latine, où il participe au séminaire de rentrée des équipes de direction. Il s’est adressé par vidéo aux membres de notre commission (https://www.youtube.com/watch?v=AKMFbIJeQP0 ) l’intégralité de ce message sera à disposition des élus et de lecteurs du rapport détaillé.
Monsieur Négrel et Madame Dutertre approfondissent ensuite certains sujets à l’oral.
- Les nouvelles sont bonnes sur le front de l’épidémie. Il reste malheureusement encore de nombreuses crises à gérer dans le réseau (Liban, Ukraine/Russie, Haïti, Sahel).
- S’agissant de la politique d’expansion du réseau :
- L’Agence est mobilisée sur ses objectifs de développement. Le réseau compte actuellement 567 établissements, qui accueillent 390,000 élèves, avec 72 nouveaux établissements et 40,000 élèves de + par rapport à 2018. Il y a en ce moment 80 demandes d’homologation dont 20 premières demandes. Ce rythme de développement ne permettra probablement pas d’atteindre les objectifs de doublement des effectifs à horizon 2030 mais pour l’AEFE il a eu le mérite de permettre à l’Agence de se mettre en ordre de marche et de « changer de logiciel ». L’AEFE a récemment présenté une feuille de route au MEAE, alimentée par les réflexions menées au niveau des ambassades dans le cadre des plans éducation.
- À l’Agence et au MEAR, ce n’est pas l’obsession du chiffre qui motive. Il y a surtout une attention portée aux conditions de cette expansion, entre autres, la qualité éducative et l’attractivité du réseau ; la croissance ne doit pas se faire au détriment de la qualité du projet pédagogique.
- Sur ce point, Monsieur Négrel indique que la préoccupation des familles porte de plus en plus sur la sécurité de leurs enfants, au sens large du terme et ce thème doit faire l’objet d’une attention toute particulière, ce qui sera une force du réseau.
- Sur les instituts régionaux de formation et du recrutement au coeur des réflexions
- Les 16 instituts fonctionnent depuis janvier 2023. Ils s’adressent à tous types d’ Ils construisent des plans régionaux de formation, adaptés au personnel local, plus ambitieux que par le passé
- L’AEFE propose désormais des parcours de professionnalisation pour tous les néo-recrutés du réseau depuis 2021 avec des possibilités à l’étude de certification professionnelle et d’autres formes de certification et de valorisation des formations reçues en IRF
- Pour ce qui concerne les besoins d’investissement pour le prochain SPSI l’AEFE reste donc dans l’incapacité d’emprunter pour la rénovation des EGD qui retombe sur les seules famille (besoins estimés à 100M sur 5 ans). Elle souhaite sortir de cette liste mais accuse toujours une fin de non-recevoir de Bercy. Une volonté politique forte doit exister pour faire évoluer la situation. L’AEFE veut associer l’ensemble des parties prenantes à ces enjeux et évoquer la dimension environnementale.
- Pour ce qui est des bourses AEFE, l’Agence est attentive à ce que toutes les familles en ayant besoin puissent en bénéficier. Monsieur Brochet est conscient qu’il faudra peut-être que l’enveloppe soit revue à la hausse en juin selon les besoins identifié.
- Enfin, l’AEFE continue à être un formidable lieu de rencontres. En témoignent la reprise des grands projets tels que ceux de l’Orchestre des lycées français du monde qui s’est produit à Vienne en mars ou encore des Jeux internationaux de la jeunesse qui auront lieu à Pau en juin.
- Quant aux états généraux de l’EFE, Monsieur Négrel laisse au Ministère le soin de préciser ses modalité
Sujet 2 : Question sur le fonctionnement du dispositif actuel des bourses scolaires – Audition de M. Laurent SISTI, AEFE.
Les bilans définitifs présentés à la CNB2 en décembre 2022 pour l’Année scolaire 2021/2022-3 montrent des chiffres relativement stables.
L’Enveloppe de référence reflète la forte baisse des taux de change et des IPPA. Le montant des enveloppes limitatives après dialogue de gestion couvre les besoins.
Pour les frais de scolarité du Rythme Nord, Monsieur SISTI nous rappelle que toute augmentation supérieure au taux de l’inflation doit faire l’objet d’une note explicative visée par le COCAC. Le Plafonnement de certains tarifs notamment aux USA laisse potentiellement un reste à charge pour les familles boursières de plus en plus lourd. Pour le Rythme Sud, la moyenne des frais de scolarité a augmenté de 21,59%, en raison de la forte variation des monnaies de la zone.
Les demandes de dérogations pour classes non homologuées ne sont recevables que pour les enseignements sur programmes français, dont la moitié au moins est dispensé en Français.Il n’y a pas de dérogation pour les établissements bénéficiaire du Label « FrancEducation », qui enseignent sur la base des programmes locaux.
L’Agence rappelle les nouvelles dispositions en vigueur à compter du 1er septembre 2021 pour les AESH : dans la mesure où une famille française inscrite au registre des français établis à l’étranger et dont un enfant est scolarisé dans un établissement homologué du réseau ou en statut dérogatoire, la rémunération de l’accompagnant est prise en charge à 100%. Le nombre d’AESH a ainsi doublé.Pour l’année scolaire 2022/2023 présenté à la CNB de décembre 2022, la baisse des premières demandes est liée à la baisse des demandes au Liban dont le nombre a été divisé par 13. Globalement les bourses baissent entre 3 et 4%.
Afin d’avoir une meilleure lecture des chiffres, la commission demande une vision sur plusieurs années plutôt qu’à N-1 uniquement.
La répartition des élèves par type d’établissement est bien équilibrée dans le rythme nord, alors que pour le rythme sud, 90 % des élèves sont scolarisés dans des établissements conventionnés. La répartition des élèves boursiers par cycle reflète la répartition du nombre d’élèves par cycle et leur taille.
Le projet de la future application SCOLA est un projet plus complexe et plus lourd qu’initialement prévu. L’objectif est la simplification de son utilisation pour les postes.Les établissement pourront saisir leurs données (tarifs, nom, …) dans l’application. Dans un deuxième temps, les familles auront accès à l’application à leur tour pour déposer leur pré-demande en ligne.Certaines données non sensibles et non confidentielles (pièce d’identité, livret de famille, justificatif de domicile, …) pourront être gardées selon RGDP
Il n’y aura pas de relance automatique générée par le système, mais les relances seront facilitées (publipostage).Les statistiques (exploitable sur Excel) extraites seront plus fiables et plus rapides à extraire.La mise en production est prévue pour juin 2024 pour le rythme Sud et décembre 2024 pour le rythme Nord.Les trop perçus par les établissements : les établissements pourront saisir directement leur consommation réelle pour faciliter les réajustements. Ces trop perçus ne seront pas remboursés à l’AEFE, mais considérés comme une avance sir un versement futur.
Plusieurs pays se sont portés volontaires pour la phase de test. Sa mise en place reste difficile.Dans cette nouvelle application SCOLA, la reprise de données historiques remontera à l’année N-1. La consultation et la lecture de données antérieures sur l’ancien système restera possible.La Commission de l’enseignement demandera une exploitation des données sur 10 ans pour traiter les questions qui ont déjà été soumises en 2022 à la DFAE et à l’AEFE dans la perspective de l’étude sur les bourses scolaires dont la réalisation avait été validée mais qui a été reportée à la demande de l’administration.
Dans l’attente, les travaux préparatoires seront lancés :
- Enquête auprès des CFDE sur leurs pratiques sur les bourses scolaires par un questionnaire préparé par la Commission qui devrait être diffusé la semaine prochaine,
- Demande de correction de la valeur du Qmin (quotient minimum) du barème des bourses, d’évaluation de la dernière augmentation du Qmax (2019, de 21 000 à 23 000 euros) et études prévisionnelles d’une nouvelle actualisation du Qmax et d’une réduction du rapport Qmin/Qmax (de 1/7 à 1/6).
- Demande d’un rapport de la DFAE et de l’AEFE sur une série de questions préparées par la Commission en 2022 et qui sera complétée après les réponses des CFDE à l’enquête d’avril 2023.
Sujet 3 : Prise en charge du handicap des Français à l’étranger – Audition de M. Alain TRINTIGNAC, référent handicap AEFE et, de M. Laurent SISTI, AEFE.
L’inclusion scolaire est un axe prioritaire de l’éducation française à l’étranger.
L’objectif est de développer des parcours d’inclusion des élèves à besoins éducatifs particuliers et de les accompagner, ainsi que leur famille, le plus longtemps et dans les meilleures conditions possibles,
Les élèves à besoins éducatifs particuliers sont :
- les élèves qui souffrent d’une maladie chronique ;
- les élèves « dys » (dyslexie, dysorthographie, dysphasie, dyspraxie et dyscalculie) ;
- les élèves intellectuellement précoces ;
- les élèves handicapés ;
- les élèves en grande difficulté d’apprentissage ou d’adaptation.
Audition de M. Sisti, Directeur de l’aide à la scolarité.
- Sisti rappelle les modalités de mise en œuvre des AESH, démarche complexe et difficile pour les familles. Malgré la bonne volonté de l’Agence, des difficultés réelles subsistent, notamment pour le versement aux familles de la prise en charge des AESH.
Audition de M. Trintignac, IPR de l’Éducation Nationale, en détachement à l’AEFE, chargé du recrutement des directeurs des écoles primaires, conseillers pédagogiques.M. Trintignac est en charge de l’inclusion des élèves à besoins particuliers.
Sa mission est d’assurer l’accompagnement des équipes de direction de tous les établissements sur la prise en main de l’outil pour un pilotage d’inspiration plus inclusive.
Sujet 4 : Analyse et propositions politiques pour la Francophonie – Audition de Yan CHANTREL, sénateur et M. Bruno FUCHS député.
Yan Chantrel, sénateur des Français de l´étranger, est membre de la Commission de la culture, de l’éducation et de la francophonie et, en tant que président du groupe d´amitié France-Canada, il est membre de droit de l´Assemblée Parlementaire de la Francophonie (APF). Il préside au Sénat un groupe d´études à ce sujet et souhaite nous y associer.
Bruno Fuchs, député de la 6e circonscription du Haut-Rhin, est membre de la Commission des affaires étrangères et secrétaire général de l´APF. Il est président du groupe d’amitié parlementaire France-Guinée-Bissau et est également membre de plusieurs autres groupes d’amitié avec des pays francophones.
Après qu’ils se sont présentés, chaque membre de notre commission s’est à son tour présenté en indiquant sa circonscription de rattachement.
Le président Jean-Hervé Fraslin a souligné, en introduction, l’importance de traiter les problématiques de la francophonie au sein de l’Assemblée des Français de l’étranger (AFE).Et en préambule, Yan Chantrel a félicité la commission pour la « qualité de son travail et de ses rapports ».Aujourd’hui, après la France, la République Démocratique du Congo (RDC) est le pays le plus peuplé de francophones, qui représentent 42% de sa population. Viennent ensuite le Maroc, le Canada et la Belgique. A noter que, comme chacun sait, le français n’est pas l’unique langue pratiquée dans ces pays. En 2050, on estime que 85% des Francophones seraient africains.Le français est la 3e langue utilisée sur Internet après l’anglais et le chinois.
En 2014, Jacques Attali présentait un rapport sur « la francophonie et la francophilie, moteurs de croissance durable ». Il évaluait, alors, à 16% du PIB mondial la « francophilophonie », concept qui regroupe les pays francophones, les pays francophiles et les francophones ou francophiles du reste du monde. Cette zone favorable à la langue française détient près de 14% des réserves mondiales de ressources minières et énergétiques. Il est donc important que la France ait une vision et une ambition sur la francophonie. L’enjeu est de bâtir une aire d’interactions et de la remplir avec des réalisations concrètes.
Yan Chantrel déplore le « manque de vision » actuel. D’autant plus que notre politique culturelle et éducative est en contradiction avec notre politique de visas. Ce qui conduit un nombre toujours plus grand d´étudiants à choisir de poursuivre leurs études au Canada plutôt qu’en France.Il serait opportun de faciliter la mise en place d’un visa francophone, véritable passeport économique et culturel, qui permettrait une meilleure circulation des hommes et des femmes et l’accroissement des interactions au sein de la zone. En définissant, bien sûr, certains critères stricts mais clairs.
Yan Chantrel estime qu’il serait également utile d’avoir un ministre de plein exercice totalement dédié à la Francophonie afin de marquer plus clairement les orientations politiques sur le sujet.Pour Yan Chantrel, un sujet d’importance croissante est celui de la « découvrabilité numérique » des contenus en langue française sur Internet. C’est-à-dire qu’il faudrait faciliter l’accessibilité au numérique.
Il s’agit de rendre ces contenus visibles, car il y a un enjeu important de financement et de diffusion des œuvres francophones. Il y a un défi de souveraineté numérique, car toutes les grandes entreprises du numériques sont basées aux Etats-Unis. Il est important de commencer par connecter les francophones à Internet : seuls 41% d’entre eux y sont connectés. Ce qui les place loin derrière les hispanophones, arabophones et anglophones. Les enjeux des contenus culturels passent par la création de plateformes digitales capables de rivaliser avec les géants américains des technologies que sont Google, Apple, Facebook et Amazon (GAFA).Yan Chantrel souhaite également mieux faire connaitre l´APF, qui reste largement inconnue.
Bruno Fuchs commence son intervention en indiquant que plusieurs pays souhaiteraient rejoindre l’Organisation Internationale de la Francophonie (OIF) et l’APF.Il note cependant qu’il existe un paradoxe entre l’attractivité de la francophonie et la perte d’influence de ses instances, qui s’expliquerait peut-être par le développement du multilatéralisme.Pour lui, l’inquiétude est de mise. Le Français est en recul dans certains pays où les jeunes générations en perdent l´usage.Et tout comme Yan Chantrel, il regrette : « Il y a des discours forts, ambitieux et fondateurs, mais pas de vision ni de stratégie et pas de moyens » pour répondre aux enjeux qui évoluent.
Plus pratiquement, il faut savoir comment répondre au quotidien auquel font face les responsables politiques dans les pays francophones. Il faut se demander pourquoi un jeune souhaite apprendre le français, pourquoi il décide de poursuivre ses études dans un espace francophone et s’interroger sur ses motivations. Bruno Fuchs estime qu´il faut inventer le « troisième étage de la fusée » au-delà de ceux qui ont été jusqu’alors au cœur de la Francophonie : la langue, l’histoire et les principes de gouvernance. Ces derniers n’ont d´ailleurs pas eu un succès fulgurant, car peu de pays qui ont souscrit à la charte de la Francophonie en respectent effectivement les principes.Il faut trouver des solutions aux problématiques de développement durable, de traitement des déchets, de formation, de mobilité et de travail, notamment face à la jeunesse et à la vitalité des populations francophones africaines. Il faudrait rendre plus transparent le processus des visas et travailler aux enjeux environnementaux, en collaboration avec le monde des entreprises et notamment le MEDEF et la CGPM.Mais il faudrait agir vite, comme lors de la création de l´Europe, car les relations commerciales sont à même de créer un levier d´attractivité qui peut donner envie de Francophonie.Bruno Fuchs suggère que l’APF travaille sur le projet de réalisation d’un corpus législatif pour l’ensemble de la francophonie. Pour mettre en place des politiques communes concernant la langue française et la francophonie économique dans tous les pays adhérents.
La Commission note la multiplicité et la complexité apparente du « millefeuille » francophone, avec l’implication à des degrés divers d’un grand nombre d’institutions françaises et francophones.
Les membres de la Commission reviennent aussi sur la diversité des pays qui interagissent avec la Francophonie. Elle pense qu’il est possible d´étendre l´influence de la Francophonie y compris dans des pays qui ne sont pas francophones au sens strict de « maîtrise de notre langue ». Ce qui amène à une autre réflexion sur la nature plus métissée d´une Francophonie à plusieurs vitesses.
En Afrique, par exemple, il faudrait « déconstruire » le message et instaurer d´autres types de relations. Il s´agirait notamment d´être plus sensible aux cultures locales.Un conseiller s’est étonné que tous les membres de l’OIF ne font pas partie de l’APF.Réponse : l’adhésion à l’APF n’est pas systématique. Elle repose souvent sur l’intérêt d’un petit groupe de parlementaires francophones du pays concerné qui en ont fait la demande.
La situation des étudiants francophones est paradoxale. Par exemple, au Canada, l´étudiant auquel on refuse un visa reçoit une explication claire. En France, la perception est celle de l’arbitraire, d´autant que l´étudiant peut se voir notifier un refus de visa alors qu´il l´avait obtenu dans les mêmes conditions l´année précédente. Ce genre de faits est propice à réduire l’image de notre pays à celle d´un pouvoir discrétionnaire et à engendrer et nourrir le ressentiment. C’est aussi néfaste en termes d´influence et de rayonnement culturel, car ces étudiants et ces chercheurs se tournent alors vers le Canada et souvent vers des pays anglophones qui accueillent à bras ouverts les jeunes talents.
Un conseiller s’est dit préoccupé par le cas des bi-nationaux qui souhaitent apprendre le français mais qui n’ont pas les moyens de fréquenter les écoles et les Alliances françaises ? Qu’a-t-on prévu pour eux ?
Réponse : il faut développer des initiatives telles que le programme « Français langue maternelle » (FLAM) piloté par l’Agence pour l’enseignement à l’étranger (AEFE).
La commission souhaiterait aussi avoir des informations concrètes sur la formation des professeurs de Français, la mise en valeur de la langue française et l’investissement financier de la France.
Le plurilinguisme et le baccalauréat international ont-ils une conséquence sur la baisse du niveau dans les réseaux de l´enseignement français à l´étranger ? Nous sommes parfois moqués en Afrique lorsque des représentants français prennent la parole en Anglais alors qu´ils sont en zone francophone. La vidéo a pris le pas sur l´écrit et les enjeux de la maîtrise de la langue française vont plus loin que les questions légitimes du renforcement de l´enseignement du Français à l´étranger. Il existe aussi des signaux similaires en France de cette perte de la maîtrise de notre langue sur notre propre sol.
Sur proposition d’un de ses conseillers, la Commission pourrait inviter Fabrice Jaumont, auteur de «La révolution bilingue » à témoigner. Ce chercheur et éducateur français a développé, à New York, une approche de construction de filières plurilingues dans les écoles.Il apparaît avant tout nécessaire de définir plus clairement la notion même et la vision de ce qu´est en réalité la Francophonie.
Sujet 5 : Santé mentale des élèves et comment lutter contre le harcèlement scolaire – Audition de
M. Rodolphe ECHARD, inspecteur d’Académie, et M. Eric VERDIER, psychologue, formateur sur le thème du harcèlement scolaire.
Six mois se sont écoulés depuis octobre et nous avons souhaité lors de cette 38ème session élargir la thématique de la santé des élèves en traitant également la lutte contre le harcèlement scolaire, nouvelle priorité du Ministre de l’Éducation Nationale, M. Pap Ndiaye.Chaque année, 700.000 élèves sont harcelés en France dans les établissements scolaires (10% des élèves) et notre réseau à l’étranger n’est pas épargné.
Audition de M. Rodolphe ECHARD, inspecteur d’Académie-Inspecteur Pédagogique Régional à la DEOF (AEFE).
M. Echard rappelle que l’engagement des établissements sur cette thématique n’est pas nouveau, les initiatives sont nombreuses et prennent des formes diverses, pas nécessairement innovantes mais efficaces qui ont fait leur preuve.Quelques actions menées dans le réseau : programme phare, ambassadeurs contre le harcèlement, dispositif ‘’Sentinelles et Référents’’…
Suite à notre résolution d’octobre, l’Agence a mené une enquête rapide sur la santé mentale et la lutte contre le harcèlement scolaire auprès des établissements du réseau AEFE.
Audition d’Eric Verdier, psychologue communautaire, formateur sur le thème du harcèlement scolaire
En France, près d’un jeune sur 5 est concerné, en tant qu’acteur, par un phénomène de bouc émissaire dans les collèges et lycée. On observe chez les victimes de ces comportements des situations de grand mal-être pouvant induire échec scolaire, addictions, comportements dépressifs voire suicidaires.On constate par ailleurs un manque de formation des professionnels à la problématique des discriminations et de la violence, et un manque d’outils pour intervenir et pérenniser les actions.
Objectif du dispositif : Former la communauté éducative et les parents à agir sur les racines et les causes du harcèlement.Un dispositif innovant avec un impact réel sur le climat scolaire.Tous les membres de la commission Enseignement recommandent vivement la mise en place de ce dispositif ‘’Sentinelles et Référents’’ dans le plus grand nombre d’établissements scolaires du réseau.
Sujet 6 : Répertoire des associations Flam suite à la contribution de notre commission pour compléter le recensement – Audition de Anne HENRY-WERNER, Présidente de la Fédération Flam Monde, et de Mme Valérie DRAKE, cheffe du bureau de la coopération éducative sous la Direction de l’Enseignement , de l’Orientation et de la Formation à l’AEFE.
Anne Henri-Werner, Présidente de la Fédération Flam-Monde:
La cartographie des structures Flam entreprise par notre Commission de l’Enseignement, de la Culture, de la Francophonie et des média extérieurs a permis de susciter un intérêt auprès de nos collègues Conseillers. On remarque que le dispositif FLAM ainsi que son fonctionnement ne sont pas encore assez connus.
Les retours du recensement décidé à la 37e session ne permettent pas une cartographie exhaustive mais révélatrice à plusieurs niveaux :
- des régions ne sont pas encore couvertes par le dispositif Flam
- des structures existantes ne sont pas encore répertoriées sous la bannière Flam.
- les CFDE ne connaissent pas suffisamment l’offre de Flam Monde.
Le résultat de cette enquête sera fusionné avec le répertoire existant de la Fédération Flam Monde. Ce travail est une première étape.Actuellement, 144 structures sont recensées dans 35 pays, 13 nouvelles associations ont été créées en 2022 et 13 associations existantes ont fait une demande de subvention.
Pour une meilleure visibilité de ce dispositif FLAM, des moyens sont mis en place par la fédération Flam-Monde:
- Création d’une infolettre dans le cadre d’une campagne d’information de Flam-Monde. Tous les CFDE sont invités à s’y inscrire.
- Les ambassades et les consulats doivent remplir leur fonction consulaire et faire figurer les structures Flam déjà existantes sur leur site et le cas échéant, doivent informer sur la possibilité de la création d’une structure et inviter les structures isolées à rejoindre la fédération Flam Monde.
- Un travail d’approche en téléphonant ou en écrivant aux structures qui fonctionnent sur le modèle des FLAM est engagé par Flam Monde.
On sait que le réseau Flam est soutenu par l’Agence pour l’Enseignement du Français à l’étranger/ AEFE et qu’il s’adresse à tous les enfants français. Par conséquent, soutenir le dispositif Flam fait partie de la mission consulaire et de celle des CAFE et des CFE.Les enfants de nationalité française ne suivant pas une scolarité dans un établissement français doivent avoir la possibilité d’intégrer des cours FLAM.
On sait aussi que le français comme langue véhiculaire contribue à créer des liens et facilite un rapprochement entre les communautés francophones à l’étranger, c’est un moyen de partage de valeurs et de culture, un terreau d’échanges. Il existe des échanges inter- FLAM ( Düsseldorf- San Diego par exemple).Le fonctionnement associatif des structures offre un tarif adapté, généralement peu élevé et variable selon les associations : 150 €/ trimestre en moyenne en Europe mais aux Etats-Unis on est plus près de 750 à 1000 $/trimestre.La durée moyenne de participation à un enseignement FLAM et donc de cotisation couvre la plupart du temps la durée de la scolarité et s’échelonne sur 10 ans.
La mise en place du Pass Éducation Langue Française pourrait permettre au réseau Flam de bénéficier de subvention dans le financement du service d’apprentissage du français et sera une excellente entrée et ouverture tout comme il pourrait bénéficier aux Alliances, aux Instituts et au CNED.
Les Flam ont pour but de créer des communautés là où il n’y a pas ni lycée ni école française. Pendant la pandémie, un appui financier donne la possibilité d’instaurer des cours en lignes. Ce lien joue là encore un rôle très important pour la jeunesse.Les Flam reposent sur le bénévolat et FLAM Monde travaille en partenariat avec la fédération parapluie Flam Royaume-Uni.
Valérie Drake, cheffe du bureau de la coopération éducative sous la Direction de l’Enseignement , de l’Orientation et de la Formation à l’AEFE précise que le dispositif FLAM se met en place grâce à l’aide financière de démarrage et que le Stafe programme 151, peut être accordé pour des projets concrets selon les critères de ce dispositif. Sur ce sujet, il y a eu un webinaire « Comment monter un dossier STAFE. »
Les associations doivent être renseignées sur les dispositifs d’aide mis à disposition comme le STAFE.
Aujourd’hui, d’autres subventions existent et représentent 600 000 € lors des campagnes régulières.300 000 € ont été consacrés à la sortie de la crise sanitaire Covid et à la crise économique.100 000 € ont été investis dans les ressources communication et vidéo de présentation.Un label FAM et une marque sont en cours de dépose par le Ministère et seront accompagnés d’une Chartre et d’un logo.Deux vidéos en cours de finalisation appuieront une campagne de visibilité. FLAM Monde devient une véritable marque.
Le monde des associations FLAM est un monde très hétérogène où différentes approches pédagogiques ne permettent pas la mise en place d’une certification. Cette liberté est un atout.La priorité est de fédérer, de connaître le réseau même si une cohésion, grâce à une charte, un cadre dans celui-ci, reste un des objectifs prioritaires à long terme.
La formation au programme pédagogique des bénévoles, qu’ils soient enseignants ou encadrants est un gage de qualité et une garantie.
Sujet 7 : Orientation vers l’enseignement supérieur – Le dispositif Parcoursup pour les FDE
– Audition de M. Jérôme TEILLARD, Chef de projet en charge de Parcoursup au ministère de l’Enseignement supérieur, de Mme Cindy ARNAUD, chargée de projet COAS et de M. Laurent METAIS, chef du bureau des parcours des élèves et de l’orientation AEFE.
Parcoursup permet la mise en visibilité de l’offre de formation pour formuler des vœux jusqu’à fin mars. Entre avril et mai, au sein de chaque formation, une commission, constituée d’enseignants, examine chacun des dossiers, établit des classements des candidats.
Parcoursup va récupérer ces classements produits par les commissions et mettre en relation les classements proposés par les commissions, et les vœux et décisions des candidats, de manière à que chaque candidat puisse recevoir des propositions, en fonction de son rang de classement, et puisse se prononcer : “J’accepte cette proposition… Je renonce à cette proposition.”
Parcoursup travaille avec l’AEFE depuis 5 ans (6ème saison). Aujourd’hui, plus de 21.000 formations avec une réelle diversité (étudiant et apprentissage.Calendrier du dispositif
La France est le premier pays de destination des élèves du réseau.Loi du 8 mars 2018 relative à l’orientation et à la réussite des étudiants -Loi ORE et instauration du portail Parcoursup
– Reconnaissance du statut des bacheliers de l’EFE
– Pour l’accès [aux formations universitaires non sélectives] […], sont assimilés à des candidats résidant dans l’académie où se situe la formation pour laquelle ils présentent leur candidature :
« Les candidats ressortissants français ou ressortissants d’un Etat membre de l’Union européenne qui sont établis hors de France ;
Les candidats préparant ou ayant obtenu le baccalauréat français dans un centre d’examen à l’étranger».
Résultats 2022
BAC / 98,4 % de réussite au bac dont 85% mentions et 28% de mentions TB
PARCOURSUP / Taux de participation: 71,3% – Taux de proposition: 95,5%
ATTRACTIVITE / Taux global d’attractivité de l’ESF de 53,5% dont français : 40% / étrangers : 60%
Sur les 19.535 bacheliers, 14.082 ont confirmé au moins 1 vœu en PP et 10.415 candidats ont accepté une proposition d’admission. Taux d’élèves sans proposition d’admission : 4,5%, en France 5%.
Chiffre à prendre avec précaution sachant que certains ne font qu’un seul vœu avec des écoles prestigieuses.
Où vont les bacheliers de l’AEFE:
- Licences à l’Université :
- Université Paris 1 Panthéon Sorbonne
- Université de Paris 6 Cité
- Université de Lille
- Université Claude Bernard à Lyon
Domaines les plus choisis : Droit-économie-gestion / Sciences et santé
- Ecoles de commerce :
- EDHEC Lille
- Ecoles d’ingénieur :
- INSA Lyon
Orientation vers les pays étrangers
Top 5 des pays les plus attractifs après la France :
- Canada: 1000 élèves (hors élèves issus du pays)
- Royaume-Uni: 506 élèves (hors élèves issus du pays)
- Etats-Unis: 350 élèves (hors élèves issus du pays)
- Suisse: 330 élèves (hors élèves issus du pays)
- Pays-Bas: 250 élèves (hors élèves issus du pays)
Autre nouveauté : la mise en avant des formations en apprentissage sur la plateforme pour les bacheliers. Avec plus de 7.000 formations en apprentissage disponibles, il est cette année possible d’alterner des enseignements théoriques dans un centre de formation d’apprentissage et des enseignements pratiques dans une entreprise ou une administration.Les situations sociales modestes des jeunes du réseau AEFE sont prises en compte afin de les intégrer dans les pôles boursiers destinés aux élèves scolarisés dans les lycée français et destinataires de bourses. Des adaptations spécifiques sont mises en place pour prendre en compte cette situation.
Passerelle entre système des bourses AEFE et critères sociaux (scolariser son enfant en France à l’autre bout du monde) –Seuls ceux qui bénéficient d’un taux complet à 100% sont considérés. C’est pourquoi la commission vous propose de voter une résolution ramenant à 70% cette quotité.
Sujet 8 : Pass Culture – Extension aux jeunes Français de l’étranger – Audition de M. Sébastien CAVALIER, Directeur de la SAS Pass Culture.
Pass Culture en France
- Contexte, objectifs et modalités
Le pass Culture s’inscrit dans le programme présidentiel. Le principe de base est que la culture participe à la construction de la personnalité du jeune, la rencontre des autres et son rapport au monde et doit être accessible pour tous. Or il existe une barrière financière. Un crédit est donc proposé : 20 euros pour les jeunes de 15 ans, 30 euros pour les 16 et 17 ans et 300 euros à 18 ans, disponibles pendant 2 ans à compter de l’ouverture du compte. L’objectif du pass est d’intensifier et diversifier les pratiques culturelles et artistiques, sans imposer. 20 000 acteurs proposent ainsi, via une app, environ 70 millions d’offres : des produits d’appel (films phares, festivals, etc) et autres produits, parfois exclusifs, dont l’objet est de faire sortir les jeunes des sentiers battus.
L’offre est accessible par une application téléchargeable sur un smartphone connecté à un numéro téléphonique français.
L’offre est « éditorialisée » avec des orientations vers des propositions locales ou régionales en fonction de la géolocalisation du téléphone. Des parcours d’initiation, de découvertes sont proposés : par exemple pour un spectacle à l’opéra, l’offre comprend la visite du bâtiment abritant l’opéra, la rencontre d’un artiste, la présentation de l’œuvre par un musicologue, une animation à l’entracte, …
- Résultats
3m de jeunes résidant en France utilisent l’outil. Leur retour est très positif : ils considèrent qu’il s’agit d’un outil d’émancipation et se sentent reconnus et écoutés. Le montant (300eur à 18 ans) est séduisant et l’offre ajustée.
Pass Culture à l’étranger
Monsieur Cavalier fait part des enjeux de sa mise en place.
- L’offre et la demande : le bassin de vie, avec environ 25 000 jeunes par tranche d’âge d’un an inscrits sur les registres consulaires est modeste et éclatée sur un grand nombre de pays. Les effectifs pour les capitales les plus peuplées de jeunes français n’atteindront pas un millier. Il n’y a pas de masse critique, ce qui limitera l’attractivité commerciale du dispositif et donc l’offre des acteurs du secteur culturel.
- Les contraintes juridiques : le pass en France est rattaché à la résidence et non à la nationalité. Comment être en ligne avec la législation européenne sur la non-discrimination fondée sur la nationalité ? Peut-on traiter différemment les pays européens et situés hors Europe ?
- Les risques de fraude doivent également être couverts (ex : création de faux comptes). Des organisations criminelles de Russie et Biélorussie attaquent aujourd’hui le dispositif en France et ont dû faire l’objet de mesures de protection.
- Des questions techniques se posent enfin (accès à l’app depuis l’étranger).
La commission propose une résolution encourageant d’offrir rapidement l’accès du Pass Culture pour les jeunes français de l’étranger, inscrits au Registre consulaire, pendant leurs séjours en France mais surtout l’adaptation d’une offre spécifique Pass Culture FDE favorisant l’accès à l’offre du réseau culturel français mondial. Notre Commission propose une définition du public cible et des contours de l’offre. Elle ne se prononce pas sur les contraintes juridiques et techniques qui ne sont pas de son ressort.
Table ronde sur la francophonie : Lundi 27 mars 16h30-18h30
Huit projets de résolution ont été adoptés en Commission Enseignement.