Créée en 1990, l’Agence pour l’enseignement français à l’étranger (AEFE) célèbre cette année ses 35 ans d’existence. Pilier du rayonnement culturel et éducatif de la France à l’international, elle traverse pourtant une crise profonde depuis plusieurs années.

À l’occasion de cette rentrée scolaire, la communauté éducative exprime son inquiétude quant à l’avenir du réseau. Les mobilisations du personnel enseignant des 18 septembre et 2 octobre témoignent d’un malaise grandissant face à la dégradation continue de la situation. 2025

Une situation financière alarmante

Les coupes budgétaires successives ont fragilisé durablement le réseau :

  • plus de 200 postes de personnels détachés supprimés depuis 2023 ;
  • une hausse de 42,6 % des frais de scolarité en dix ans (rapport du député des FDE Karim Ben Cheikh).

Ce déficit structurel est aujourd’hui aggravé par les choix politiques des gouvernements successifs (Borne, Attal, Barnier, Bayrou…), imposant une logique d’austérité aux services publics.
Le projet de budget 2026 illustre cette orientation, prévoyant une nouvelle coupe de plus de 20 millions d’euros, qui s’ajoute à celle de 33 millions en 2017 lors de l’arrivée du président Macron.

Un modèle républicain menacé

En tant que Conseillers des Français de l’étranger, nous restons profondément attachés à une école républicaine, publique et laïque. L’égalité d’accès à l’enseignement français à l’étranger est au cœur de notre engagement, tout comme la justice sociale et la mixité au sein des établissements.

Pourtant, le nombre d’élèves boursiers chute dramatiquement : 17 610 en 2025 contre 26 000 en 2019. Cette baisse menace directement la diversité sociale du réseau.

Par ailleurs, si nous saluons la priorité donnée à l’école inclusive, la nouvelle règle imposant un taux minimal de 50 % de handicap pour bénéficier d’un accompagnement par un AESH exclut de nombreux enfants à besoins éducatifs particuliers.

Des familles découragées

Le constat est clair :
avec des restes à charge trop élevés et des procédures d’aide complexes, de nombreuses familles françaises – notamment celles des classes moyennes – renoncent à scolariser leurs enfants dans les établissements du réseau AEFE.

Le nombre total d’élèves français reste stable, mais le recul des bourses compromet la mixité sociale et l’esprit même du service public éducatif à l’étranger.

Une politique contradictoire

Alors que le réseau subit ces restrictions, le plan « Cap 2030 » vise à développer de nouveaux établissements partenaires, soutenus par l’AEFE. Une politique paradoxale qui favorise la concurrence interne au détriment des établissements historiques, déjà fragilisés.

Pour un sursaut collectif

Privée de moyens suffisants, l’AEFE n’est plus en mesure d’assurer pleinement sa mission de service public. Il est urgent de reconsidérer l’éducation non comme un coût, mais comme un investissement stratégique pour l’avenir. C’est par le soutien à son réseau éducatif que la France continuera d’incarner une présence humaniste, culturelle et linguistique forte dans le monde.