Introduction :

L’épidémie de Covid a mis à mal la santé mentale des jeunes. La crise sanitaire a eu des répercussions sur la santé et le bien-être des enfants et adolescents. Dans nos établissements du réseau, les équipes éducatives ont observé des troubles mentaux, notamment le trouble déficitaire de l’attention/hyperactivité, l’anxiété, l’autisme, la dépression, les troubles alimentaires et on parle même d’éco-anxiété. Conseillers des Français de l’étranger, nous siégeons dans les Conseils d’établissements. Nous rencontrons les enseignants, les parents, les élèves, les personnels de vie scolaire, les CPE et sommes témoins de ces troubles du comportement qui ont eu des effets néfastes considérables sur la santé, l’éducation, la qualité de vie de nos élèves.

3 constats :

1/ l’accompagnement des parents et la mobilisation de toute la communauté éducative ne suffisent pas toujours à aider un élève en souffrance. Dans notre réseau AEFE, les capacités diagnostiques -et de réponses- sont éminemment variables selon les établissements et les personnels de leur pôle médico-social mobilisables en interne.

2/ Nos infirmiers(es) dans les établissements, absorbées par les missions liées au Covid et à la gestion quotidienne des traumatismes légers (blessures en EPS…) ne parviennent plus à apporter ce soutien psychologique à nos jeunes qui ont un besoin important de parler.

3/ Il n’existe pas de projet spécifique piloté depuis l’Agence dans le domaine de recrutement d’infirmiers(ères) ou psychologues scolaires.
Aujourd’hui les postes évoqués sont des personnels de droit local, mis en place par les établissements en fonction des réglementations locales, des besoins et des ressources.

La santé mentale des élèves et le harcèlement scolaire sont des sujets complexes et sensibles qui ont été traités au sein de notre commission tout au long de notre mandat de CFE.

Avec Eric Verdier lors de son audition à l’Assemblée des Français de l’étranger en mars 2023. Eric Verdier est psychologue communautaire (Pôle Discriminations, Violence et Santé –SEDAPFormateur et instructeur Premiers Secours en Santé Mentale ) spécialiste de la thématique du harcèlement scolaire.

Suite à nos résolutions n°7 d’octobre 2022 et n° 5 de mars 2023, nous pouvons observer de réelles avancées :

– L’Agence dispose désormais au siège d’un Inspecteur d’Académie – Inspecteur pédagogique régional (IA-IPR)Établissements et vie scolaire en charge du climat scolaire, au sein de la direction de l’enseignement, de l’orientation et de la formation (DEOF).

– Ces sujets sont abordés lors de tous les séminaires de rentrée des 16 zones de mutualisation qui regroupent l’ensemble des cheffes et chefs d’établissement et des directeurs d’école du réseau.

la mise en œuvre du programme « pHARe » dans le réseau en impliquant la communauté éducative. Leprogramme pHARe comprend trois volets : la mesure du climat scolaire, la prévention des violences et du harcèlement scolaires, la prise en charge des situations de harcèlement. L’Agence a constitué un réseau de formateurs, à raison de deux à trois formateurs par zone, qui ont pour mission de mettre en œuvre les actions de formation de zone, l’accompagnement des établissements qui choisiront de s’engager dans pHARe et la formation des autres formateurs de la zone.

– Lors du conseil interministériel du 3 juillet 2023, il a été décidé que de nouvelles exigences dans ce domaine seraient introduites dans les critères de l’homologation, dès l’année 2023-2024, ce qui va conduire les établissements à s’emparer de cette thématique et à en faire un axe prioritaire de leur projet d’établissement.

– l’AEFE a décidé de mener à l’automne 2023 une enquête rapide (quelques questions) vers les chefs d’établissement du réseau pour recenser les actions et les options méthodologiques en matière de prévention et de prise en charge des violences et du harcèlement scolaire,

Sur de tels sujets, les solutions sont, ou doivent être construites, d’une part, au niveau local (Protocole de soutien psychologique, repérage des élèves en souffrance, dialogue régulier avec les parents, fenêtre d’écoute, formation des enseignants sur ces sujets…) et d’autre part au niveau de l’Agence par un renforcement et déploiement d’infirmières supplémentaires et/ou des psychologues scolaires dans les établissements du réseau dans les années à venir.

Ci-dessous les deux résolutions votées en octobre 2022 et mars 2023 à l’Assemblée des Français de l’Etranger.

Résolution :Assemblée des Français de l’Etranger  37ème Session  06/10/2022

 COMMISSION DE L’ENSEIGNEMENT, DES AFFAIRES CULTURELLES, DE LA FRANCOPHONIE ET DE L’AUDIOVISUEL EXTERIEUR

RESOLUTION ENS/7/10.2022

Objet : “Bien être pour bien apprendre”, pour un suivi approfondi des questions de santé mentale des élèves du réseau AEFE

VU

Le rapport de 2021 de l’UNICEF, “La Situation des enfants dans le monde 2021”, “Dans ma tête : Promouvoir, protéger et prendre en charge la santé mentale des enfants”,

La 5e enquête d’octobre 2021, de l’IPSOS en collaboration avec la Chaire Innovation-Santé de l’Essec et la Fondation Jean-Jaurès “Le mal-être des ados, un phénomène grave, global, et sous-estimé”,

« Le Pacte européen pour la santé mentale et le bien-être” de juin 2008 et la “Conférence ministérielle sur la santé mentale des jeunes vulnérables” du 14 /03 /2022,

La réponse de l’AEFE à la Question diverse 1.13 de l’AFE au CA du 22 mars 2022,

CONSIDERANT

  • Que la crise sanitaire a eu des répercussions sur la santé et le bien-être des enfants et adolescents ;
  • Que l’accompagnement des parents et la mobilisation de toute la communauté éducative ne suffisent pas toujours à aider un élève en souffrance ;
  • Que les infirmières et personnels de santé, rarement spécialisés, absorbés par d’autres missionspendant la crise sanitaire, ne parviennent pas toujours à apporter un soutien psychologique à nos élèves, dont les études révèlent des symptômes accrus d’anxiété et de dépression ;
  • Que l’actualité récente et les crises multiformes (géopolitiques, environnementales et sanitaires…) peuvent être un facteur d’accentuation des troubles mentaux, du comportement, de déficiences d’attention, alimentaires ou dépressifs, ainsi que les effets de la “pression de la réussite” propre à nos établissements d’excellence ;
  • Que les spécialistes de la santé mentale soulignent que nous n’avons pas encore suffisamment de recul sur les impacts à moyen terme de la séquence écoulée.
  • Que la santé mentale et le bien-être à l’école des enfants et adolescents est une priorité de l’Union européenne et de ses États membres et qu’il faut faire évoluer les regards de l’ensemble des acteurs des communautés scolaires sur ces aspects fondamentaux de la vie des élèves.

DEMANDE

  • Qu’un recensement soit fait par l’AEFE de l’ensemble des dispositifs innovants et variés mis en place pour accompagner les jeunes dans l’ensemble du réseau AEFE (programme “sentinelles et référents” mis en œuvre en Italie, service “well being” du Lycée international de Londres Winston Churchill, …) ;
  • Que soit mis en place un plan de formation continue des personnels enseignants et d’encadrement dans le domaine du soutien psychologique aux élèves (accompagnement des élèves dans la délicate gestion de leurs émotions, recensement des ressources utilisables en classe ou au sein des établissements, dispositifs de détection des élèves en souffrance, lieux et temps spécifiques d’écoute pour la libération de la parole…) ;
  • Que soit mis en œuvre un plan de sensibilisation des familles ;
  • Que chaque établissement du réseau prévoie l’intervention de personnels spécialisés (psychologues scolaires, psychiatres, …) et d’un protocole de soutien psychologique adapté aux situations ;
  • Que l’AEFE exige de chaque établissement du réseau un bilan du climat scolaire et de bien-être des élèves ainsi qu’un bilan des outils de prévention et d’accompagnement mis en place, présentés régulièrement en conseil d’établissement de façon à disposer d’indicateurs sur l’évolution du bien-être et de la santé mentale des élèves
.
Résultats
Adoption en Commission Adoption en Assemblée plénière
UNANIMITE X X
Nombre de voix « pour »
Nombre de voix « contre »
Nombre d’abstentions

 

RESOLUTION COMMISSION ENS/N°5/03.2023

Objet : SANTE MENTALE ET LUTTE CONTRE LE HARCELEMENT SCOLAIRE

 VU la résolution ENS/7/10.2022 de l’Assemblée des Français de l’étranger (AFE) et la réponse communiquée.

CONSIDÉRANT que chaque année, 700.000 élèves sont harcelés en France dans les établissements scolaires (10% des élèves).

CONSIDÉRANT que notre réseau à l’étranger n’est pas épargné par ce phénomène de harcèlement scolaire et que les professionnels estiment à environ 25 000 le nombre d’élèves potentiellement harcelés dans le réseau de l’AEFE,

CONSIDÉRANT que la crise sanitaire a eu des répercussions néfastes sur la santé et le bien-être des enfants et adolescents,

CONSIDÉRANT que l’Agence pour l’enseignement français à l’étranger a engagé des enquêtes et des actions appropriées à cette problématique et que celles-ci nécessitent d’être approfondies et élargies.

 DEMANDE 

  1. Que l’AEFE mène une enquête plus large auprès de tous les établissements du réseau, des élèves, parents d’élèves, enseignants et personnel administratif sur la santé mentale des élèves, la lutte contre le harcèlement scolaire et le climat scolaire en général afin de présenter un rapport sur cette enquête lors de la session AFE d’octobre 2024,
  2. Que l’AEFE amplifie la mise en œuvre du programme « pHARe » dans le réseau en impliquant la communauté éducative afin qu’elle puisse se saisir de tous les outils mis à sa disposition pour lutter contre le harcèlement.
  3. Que soit impulsée une action générale de lutte contre le harcèlement scolaire avec des formations innovantes comme le dispositif ‘’Sentinelles et Référents’’ à inclure dans les plans régionaux de formation (PRF) des 16 Instituts Régionaux de Formation (IRF).
  4. Que tous les établissements soient invités à faire de la lutte contre le harcèlement un axe prioritaire des projets d’établissements.
Résultats Adoption en Commission Adoption en Assemblée plénière
UNANIMITE X X
Nombre de voix « pour »
Nombre de voix « contre »
Nombre d’abstentions